Un dimanche à la campagne

By | 22 juin 2011

Hellfest 2011A l’occasion du Hellfest, j’ai passé mon dimanche de fête des pères dans la petite ville de Clisson. N’étant qu’un amateur « sans-plus » du metal, je me suis rendu au Hellfest sur invitation d’amis festivaliers. Nous avions noué une amitié virtuelle au moment des premières grosses polémiques de l’édition 2009. Nous nous étions rencontré, pour certains, à Clisson l’année dernière mais cette année il fallait que je vois le Hellfest de l’intérieur. A ce rendez-vous avec Marie (métalleuse pas (très) catholique), Manu et Openmind (catholiques et métalleux tous les deux), se sont joints deux autres lecteurs du blog de Manu, chacun en raison de leur intérêt ou engagement particulier pour le Hellfest : l’ancien responsable de Cité & Culture pour sa lutte contre le financement public du festival (en l’état) et Etienne Bacquet, chercheur sur l’histoire et les influences psychologiques du Rock’n Roll.

Rendez-vous pris à 13h pour boire un verre ensemble au pied du château de Clisson, je suis arrivé dans ma tenue du dimanche : chemise blanche, pantalon blanc et sandales, ma croix en bois bien ostensible sur la poitrine (ma robe de mariée pour la messe dominicale). Je trouvais l’idée marrante de me retrouver au milieu d’une foule tout de noir vêtu, avec sans doute, ça et là, quelques déguisements, y compris de prêtres ou de bonne sœur, moi-même faussement déguisé. Faussement parce que c’est vraiment la tenue que je mets tous les dimanches et que, si tu as suivi ce que je dis… ben on était dimanche. La rencontre au café a été riche de débats, évidemment, mais qui en une heure n’ont pas révolutionné les arguments que nous avions déjà pu nous envoyer à la figure via internet. L’avantage de la rencontre c’est que la discussion s’enracine beaucoup plus dans un respect mutuel que ce que internet nous incite à faire.

Nous nous sommes ensuite dépêchés de rejoindre le festival, où Marie tenait à voir et me faire voir Orphaned Land à 14h30, groupe engagé dans le dialogue interreligieux. Raté de peu. A l’entrée du festival, le gars qui m’a fouillé m’a regardé avec un sourire en disant : « t’as pas peur, toi, tout en blanc, comme ça ? »… au contraire, en voyant la foule sur ce site immense, j’étais soudain convaincu que mes guides me retrouveraient facilement si je venais à me perdre. Après une petite visite du site, j’ai pu suivre, en compagnie des uns et des autres, un certain nombre de concerts. OK, là, je sens que tu t’impatientes et que tu te demandes si je suis allé, oui ou non, souiller mon âme dans l’antre de la perdition. Laissons là le récit, et passons à mes impressions.

Alors d’abord, sans grande surprise, j’ai trouvé l’ambiance super : ça m’a rappelé mes années d’étudiant. C’est très sensoriel, en fait. Sur fond sonore de basses permanentes, marcher dans cette foule festive, en faisant craquer les gobelets de bière vide sous ses sandales et en respirant cette odeur enivrante d’herbe fraîchement coupée… j’avais un peu l’impression de rentrer à la maison ; dans le sens de revenir quelques 15 années en arrière. Moi qui ai toujours regretté d’être né trop tard pour Woodstock, je ne pouvais me sentir que chez moi.

Concernant les concerts, j’ai soudain pris la mesure de l’incroyable absurdité de nos débats autour des paroles de chanson… Il suffit de voir les musicos sur scène et leur public : d’une, on ne comprend rien à ce qu’ils chantent (enfin moi, en tout cas) et de deux, j’avais franchement l’impression que personne n’en avait rien à cirer, de toute façon. Tout le monde est là pour la musique, et je me suis soudain mis à penser qu’avec le tapage qu’on a fait sur le Hellfest, on devrait sans doute un peu plus se soucier d’autres concerts, d’autres styles de chansons dans lesquels la violence est nettement plus affirmée (suivez mon regard). En bref, j’ai compris à quel point nos revendications, quelques légitimes qu’elles aient été, étaient à des années lumières des motivations qui attirent ici les amateurs de métal. Tu sais, c’est un peu comme si des gens se rendaient dans le plus grand restaurant du pays une fois par an pour y déguster des plats exceptionnels qu’ils n’ont jamais l’occasion de déguster par ailleurs, et que, toi qui n’y vas pas, venais leur parler de fermer le restaurant parce que la faïence dans la cuisine te choque. On a toujours de bonnes raisons d’être choqués par de la faïence (si si, moi en tout cas, j’en ai des tas) mais c’est pour illustrer l’incongruité (vachement facile à prononcer) que cela représente pour le type qui vient déguster. Au minimum, on comprend l’incompréhension.

Bref, je ne suis pas allé en cuisine, j’étais invité à la table des… enfin bref, à leur table (non, je ne me prends pas pour Jésus). Et c’est comme ça, par exemple, que j’ai pris un pied énorme à écouter un groupe que j’aurais certainement boudé du seul fait de son nom : Anathema. Forcément, ce ne sera pas du gout de tout le monde, mais punaise qu’est-ce qu’ils m’ont pris aux tripes. Une émotion extraordinaire. Vraiment quelque chose de fort. Dans un autre registre, j’ai bien été emmené par Judas Priest aussi, dont le style m’a pas mal rappelé mes années lycées, les pogos, une bonne énergie, bref… le heavy metal dans toute sa splendeur.

Et puis j’ai quand même assisté à deux concerts de death metal (enfin, un et demi). Le premier demi, Grave, m’a beaucoup fait rire. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser que c’était un sketch : de mémoire (sauf si je confonds avec un autre groupe), les musicos étaient maquillés le visage tout en blanc, avec des reliefs noirs à faire peur, remuant leurs cheveux d’un mètre de long comme dans la caricature. L’autre, Dark Tranquillity, je me suis juste emmerdé, pour le dire poliment. Ceci dit, malgré la morbidité de fond, notamment dans la mise en scène avec ses mélanges de thèmes sur la foi et sur les démons, j’ai quand même noté une incroyable relation entre le chanteur et son public, quelque chose d’assez fascinant. Lui, le grand sourire permanent, on aurait dit qu’il avait envie d’embrasser son public à chaque instant comme si ce dernier venait de lui sauver la vie. Et le public marchait à fond dans son énergie… à part moi, assis par terre en attendant que ça se passe. Concernant la mise en scène, on était clairement dans une démarche esthétique, pas forcément de mon gout, mais qui se comprend et qui n’avait rien de rituel ni de sataniste à proprement parlé.

J’ai eu la chance aussi, dit-on, d’assister au concert d’Ozzy Osbourne, la légende (presque) vivante du métal. Musicalement j’avoue être resté un peu sur ma faim : la voix du papi est quand même fatiguée, et pour le moins nasillarde. Mais le charisme de ce sexagénaire reste impressionnant. Et puis surtout, je crois, c’est là qu’on découvre quelque chose d’admirable dans la culture métal : le respect des anciens, des Pères, des fondateurs. L’admiration avec laquelle en parlent les métalleux, de lui ou d’autres groupes d’ailleurs qui ont déjà passé leur vingtième année sur scène, c’est vraiment touchant. On est loin de la mentalité caractéristique de la post-modernité qui surfe sur les tendances et les icônes à la vitesse de l’éclair. Et moi, j’aime beaucoup ça.

Avant de finir, et de ne pas te raconter comme j’ai eu du mal à m’enfiler l’heure et demi de voiture pour rentrer chez moi à 2h30 du matin, je voulais juste introduire quelque chose qui fera l’objet d’un autre billet. Si dans l’ensemble j’ai vraiment passé une bonne journée, je dois quand même évoquer une petite parenthèse entre 22h30 et 23h20 : le concert de Therion. Je ne savais rien de ce groupe a priori, et j’ai commencé par apprécier le style sur fond d’opéra baroque, au tout début. Puis très vite j’ai ressenti un profond malaise, dont j’ai fait part à Marie et à Manu dès le deuxième morceau. De là, pendant toute la suite du concert, jusqu’à l’avant-dernier titre, je n’ai pas cessé de me décomposer, complètement. Et non, ce n’était pas la bière. Therion a réveillé en moi une empathie particulière, liée à mes années d’occultisme. Je ne savais pas comment l’expliquer, car la mise en scène n’avait rien de choquante ni même de singulier, mais il ne pouvait s’agir d’autre chose, dans ce qui se déroulait sur scène, que d’un rituel occulte. Après quelques recherches, Manu et Marie m’ont permis de rassembler suffisamment d’infos sur ce groupe, dont l’auteur des chansons n’est autre que le fondateur de l’ordre occulte du Dragon Rouge, pour que j’en fasse un nouveau billet. A suivre donc…

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