Pourquoi le Christ sera au cœur du rassemblement interreligieux d’Assise le 27 octobre ?

By | 13 septembre 2011

AssiseIl sera là et bien là. Pourquoi ? Non pas parce que l’Eglise organise un complot prosélyte pour attirer dans son giron les fidèles d’autres religions, espérant les endoctriner en l’espace de quelques heures. Non pas parce qu’elle va tenir de longs discours sur Jésus ou imposer aux assemblées de longues lectures de la Bible. Mais parce que des gens animés d’une même vertu de religion, se rassembleront pour dialoguer, pour fraterniser et approfondir leurs spiritualités respectives.

Bien sûr, le catholique que je suis, en cohérence avec ses idées, pense que les juifs ratent quelque chose en ne reconnaissant pas Jésus comme le Messie, que les musulmans suivent un faux prophète, ou encore que les hindous, bouddhistes, animistes, … sont finalement des adeptes de quelques paganismes, plus ou moins idolâtres. Il le pense, mais habituellement il évite de le dire parce que ça énerve les gens en question, et qu’il a des choses plus intéressantes dans la vie à faire que de les énerver. De la même manière un juif cohérent pensera que j’écoute les enseignements d’un odieux blasphémateur, un musulman cohérent se dira que je crois en une falsification de la révélation divine et n’écoute pas le vrai prophète, tandis que d’autres penseront que ma religion est une sorte de secte bien organisée emprisonnant l’esprit. Oui, cher toi qui es peut-être très éloigné des questions religieuses, tu dois te dire qu’avec toutes ces foutaises, il n’est pas étonnant que nous ne pensions qu’à nous faire la guerre…

Sauf que justement, loin de ne penser qu’à nous faire la guerre, nous pensons justement que cette diversité, même cette opposition, des croyances et des cultures est une formidable occasion de rencontre, de dialogue. Et justement un formidable antidote à la guerre, celle qui commence d’abord avec l’indifférence ou la négation de l’autre. Sans rien renier de nous-mêmes nous voulons nous connaitre, nous reconnaitre comme des frères en humanité. Sans compromis avec notre foi, nous voulons apprendre toujours plus à nous aimer et nous respecter, pour que les idiots dévots de la haine ou de l’indifférence ne soient plus les maitres à penser du fait religieux. Nous voulons le faire pour ce que nous partageons, et qui nous donne cette vertu de religion : notre humanité.

J’insiste : un tel rassemblement n’a rien de relativiste. Et si je peux me permettre d’assurer que le Christ sera au cœur de ce rassemblement, j’insiste encore sur le fait qu’il n’a rien de prosélyte. J’affirme que le Christ sera au cœur de ce rassemblement, parce que comme catholique, je crois que le Christ est la personnification du chemin, de la vérité et de la vie. Je crois donc que lorsque des hommes se réunissent au nom de la paix, en particulier pour défendre la vie de ceux qui sont persécutés, ils se réunissent au nom du Christ. Je crois que lorsque des hommes se réunissent pour approfondir leur foi, pour vivre plus en profondeur, en vérité, leur spiritualité, ils se réunissent au nom du Christ. Je crois que lorsque ces hommes se rassemblent pour faire ce chemin ensemble, dans un dialogue fraternel, alors ce chemin qu’ils empruntent c’est le Christ lui-même. Parce que le Christ a dit « lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux », je crois qu’il sera à Assise le 25 octobre, au cœur de la rencontre.

Je vais même aller plus loin, maintenant : je crois que le dialogue interreligieux est un vrai modèle d’évangélisation. Là encore, nul prosélytisme. Ne te méprends pas sur le terme d’évangélisation. Il ne s’agit pas de convertir tout le monde au catholicisme, mais de voir germer la Vérité au cœur de l’homme. Certains catholiques pourraient me demander comment je peux espérer voir la vérité germer dans le cœur d’un homme si je l’encourage à approfondir une religion que je sais ne pas être la bonne… Ah, si seulement le monde était binaire, mon ami. Ce fidèle aurait sans doute raison, et nous n’aurions plus qu’à nous entre-massacrer, car il ne pourrait en rester qu’une… religion. Mais même pour le catholique que je suis, la vérité se cherche encore et encore. Le Christ ne se possède pas, n’est circonscrit dans aucune doctrine, pas même celle de l’Eglise ici et maintenant. Alors évidemment, on ne peut pas affirmer une chose et son contraire : je crois que Jésus est vrai homme et vrai Dieu, incarné, mort et ressuscité, et que ceux qui pensent le contraire sont dans l’erreur. Mais cela ne le résume pas, et j’ai encore à le chercher. J’ai encore à chercher la vérité, à être habité par le Christ. Car il est aussi chemin.

Dans l’avion qui le conduisait à Madrid pour les JMJ 2011, Benoit XVI disait :

La vérité en tant que telle est dialogante, car elle cherche à mieux connaître, à mieux comprendre et elle le fait en dialogue avec les autres.

Et quel meilleur moyen d’être habité par celui qui est la Vérité que de chercher dans le dialogue avec l’autre si différent de moi, susceptible de bousculer toutes mes certitudes, à être plus vrai ? Non pas chercher une doctrine commune, mais chercher ce Vivant en nous qui nous rend plus assoiffés de vérité et de justice. Voilà l’évangélisation : rendre le Christ présent au milieu de nous, dans cette recherche de communion fraternelle et d’authenticité.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.