Jésus est retourné dans son pays annoncer une année de bénédictions (Lc 4,19), comme il est écrit : chacun de vous réintégrera sa propriété, chacun de vous retournera dans son clan (Lv 25,10). Mais qui peut prétendre accueillir le prophète dans son propre pays ? Car en réalité la terre est à moi et vous n’êtes pour moi que des étrangers (Lv 25,23), dit le Seigneur. Ce sont des étrangers qu’Il fait renaître de l’eau et de l’esprit !
C’est pourquoi Elie fut envoyé à la veuve de Sarepta (1R 17,9). Elle crut qu’Elie venait lui rappeler ses fautes, mais le prophète fit renaître du souffle son fils qui était mort. On dit que ce fils de la veuve ne fut autre que le prophète Jonas, envoyé plus tard prêcher la conversion aux étrangers de Ninive, et que ces païens condamneraient eux-mêmes le peuple de Dieu endurci (Lc 11,32).
C’est aussi pourquoi Elisée fut envoyé à Naaman le syrien, lépreux qui de l’eau fut né de nouveau et confessa qu’il n’y a pas d’autre Dieu sur toute la terre que celui d’Israël (2R 5,15). Il voulut alors remettre au prophète un peu de sa terre, étranger qu’il était désormais dans son propre pays. Tandis que le serviteur d’Elisée, qui prétendait n’être allé nulle part, contracta sa lèpre.
A Nazareth, on croit être du même pays que Dieu, propriétaires plutôt qu’humbles intendants de sa grâce. Tentation du croyant ! On croit alors n’avoir plus à retourner vers lui. Ce n’est pourtant que comme étrangers que nous pouvons recevoir son Fils, et renaître avec lui en son royaume.